Vivian Maier


Moi qui me plains régulièrement de n'avoir pas accès comme je l'aimerais aux diverses expositions parisiennes, j'ai récemment pu profiter d'une exposition qui m'a bluffée pour plusieurs raisons.

La première étant que l'exposition, à Tours (infos ici), est gratuite. 
La seconde étant que les photos que j'y ai vu sont bluffantes : les personnes photographiées ont toutes des "gueules", tout est subtil et lumineux et j'ai vraiment eu la sensation de découvrir pour la première fois ces époques et ces lieux (le travail de Vivian Maier court des années 50 à quasi 90 et se situe dans les rues de New York et Chicago).
Et la troisième, c'est l'histoire même de cette "street photographe" à l'œuvre colossale (à ce jour on estime avoir reconstitué environ 90% de son travail, ce qui représente 120000 négatifs, une bonne centaines de films et un "petit" millier de tirages).

J'y suis allée en ne sachant rien sur Vivian Maier, si ce n'est qu'il s'agissait de "street photographie" principalement, et ce fut une très très bonne surprise.

Je ne vais pas m'attarder sur les descriptions des photos etc. car je ne sais pas parler photographie, je n'y connais rien et ce serait bien présomptueux de ma part que d'essayer.


Si je voulais vous parler de Vivian Maier ce n'est donc pas réellement pour vous parler de ses photos, si ce n'est pour vous inviter vivement à aller voir l'expo à Tours ou Paris (infos ici), mais surtout pour vous parler d'elle.
Ou plus précisément de l'histoire qui se cache derrière les expos.


Vivian est morte en 2009. A 83 ans.
Elle a commencé à prendre des photos au début des années 50 et ne les a jamais montrées, n'en a fait tirer que très peu, et n'a jamais cherché à faire "évaluer" ou à vendre son travail.
Pour gagner sa vie, Vivian Maier était nounou.
La photo était en quelque sorte son passe temps. Vu le nombre de clichés, on peut même sans trop s'avancer parler de passion voire même d'obsession.

Son travail a été découvert par hasard, en 2007, par un agent immobilier, John Maloof, qui après avoir compris qu'il détenait là un trésor, s'est évertué à numériser les négatifs, à collecter les œuvres et à rechercher cette mystérieuse photographe.
Ironie ou destin, John Maloof ne découvrira le nom de Vivian Maier que quelques jours seulement après la mort de cette dernière.
John Maloof a alors entreprit un travail de recherche que j'imagine titanesque, entre rencontres avec les proches de Vivian Maier (plus de 60 personnes), tirage des négatifs, numérisation des films, protection des œuvres, archivage et classement.

Ce travail astronomique lui a permis de reconstituer sa vie, de cerner sa personnalité, et de nous livrer un site officiel, des expos, un livre, et un documentaire sur Vivian Maier et son œuvre.
Le tout, je trouve, avec élégance et dignité.
Les photos n'ont pas de titres, puisque Vivian n'en avait pas indiqué, quasiment toutes sont datées, certaines ont des annotations expliquant la scène, et surtout John Maloof a pris la peine de s'interroger sur la personne derrière les clichés au lieu de se contenter de puiser dans ses négatifs.

John Maloof a mis en lumière le travail de Vivian Maier et l'a faite découvrir au monde entier.
Sans lui, peut être n'aurait on jamais vu ces photos et ces films, peut être Vivian Maier serait elle restée éternellement l'anonyme qu'elle était encore au moment de sa mort.



Je trouve cette histoire grandiose, et ces photos splendides.
Cette femme qui a passé sa vie à tout photographier avec talent, sans pour autant voir la plupart de ses clichés ; qui d'employeurs en employeurs transportait avec elle ses cartons remplis de négatifs et de bobines ; qui est morte dans le dénuement et l'anonymat et qui, une fois morte connaît la gloire et la reconnaissance.


A l'image de ses photos, l'histoire de Vivian Maier est triste, belle, mystérieuse et laisse une impression lumineuse.





Encore une fois je ne saurais que vous conseiller d'aller voir une des ces deux expositions, voire les deux si vous en avez l'occasion.
Celle de Paris se termine le 21 décembre, celle de Tours le 01 juin 2014 (et est gratuite, est il nécessaire de le rappeler?).




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