Lire le passé dans les cicatrices

Le 08 mars, dans ma timeline, ce tweet :




Je m'étais fait cette réflexion sur les cicatrices 2 ou 3 jours avant, dans la voiture qui me ramenait de vacances.

Pétasse, je me regardais dans le rétro et j'ai remarqué mes cicatrices de varicelle, le long de ma mâchoire.
J'ai une petite constellation à laquelle je ne prête quasi jamais aucune attention.

Ma mère, elle, assez souvent finalement, levait les yeux vers moi, voyait les petites marques et s'étonnait que ma peau ait si mal cicatrisé. Pour elle c'était toujours l'occasion de raconter l'anecdote de la varicelle INCROYABLE que je m'étais coltinée "t'en avais partout des boutons, PARTOUT", et l'occasion de reparler de la varicelle de ma sœur, survenue pendant que ma mère était enceinte de moi, "ah vous m'en avez fait voir toutes les deux hein..."

Ces petites marques de rien du tout, que peut être même certaines personnes qui me connaissent par cœur n'ont jamais remarqué et qui réveillaient toujours les souvenirs de ma mère.
"Lire le passé dans les cicatrices"...

Dans la nuit du 08 au 09 février 2014, maman est "partie" comme on dit.
Je déteste ça "elle est partie".
On attend un retour avec cette connerie de "partie".
Maman est morte, elle n'est plus là, elle ne sera plus jamais là, elle ne reviendra pas.

Et, quand, dans la voiture ce jour là, mes cicatrices m'ont fait penser à ma mère, d'un coup, elles ce sont toutes transformées en bons souvenirs.
Comme cette marque presque imperceptible que je cherche parfois sur mon index qui me rappelle toujours mon cousin qui chante Stayin' Alive, les beaux étés, les belles vacances.
Et, comme la cicatrice sur le petit doigt de ma fille, ou celle du coude de ma sœur, j'ai des souvenirs dans le corps des autres aussi.

Je me suis dit ça et j'étais comme apaisée de le découvrir, de savoir que quelque part sur nous il y a des empreintes d'un moment T que quelqu'un garde en mémoire, et inversement.
Et bon ou mauvais finalement.
Je sais pas pourquoi ça m'apaise.
Mais ça m'apaise vraiment.

Il arrive tout un tas de chose depuis le 08 février. Et il y a eu beaucoup de choses avant, bien sur.
Et j'ai de plus en plus envie d'archiver carrément tout ça, tout consigner, tout noter.
J'ai pleins de petits carnets, agenda, feuilles volantes, que j'ai noirci parce que j'en noirci toujours, et c'est peut être bizarre mais j'ai envie de tout reprendre et, oui, tout archiver.
Je me fais beaucoup de réflexions anodines ou plus profondes, certaines petites choses ont changées déjà, comme cette histoire de dire maman au lieu de ma mère, je sais pas, pleins de petits ou de gros trucs...

C'est la première fois que je perds quelqu'un et c'est de ma mère qu'il s'agit.
Alors ça me chamboule pas mal tu vois.
Donc quand je parle d'archiver, j'ai comme envie d'en faire une cicatrice en fait, si on creuse...
De laisser une marque de tout ça.
Parce que sinon "tout ça" ça reste "tout ça", "maman est morte" ça reste "maman est morte" et c'est tellement bien plus que ça.

Je n'envisage pas complètement de le faire cet "archivage", et encore moins en public je crois, mais je voulais quand même le dire, et parler des cicatrices et des bons souvenirs.



Sur la photo c'est ma mère, en 81, t'en crèves hein de comment c'est une bombe?!

1 commentaire:

  1. La varicelle c'est moi qui te l'ai filé, j'avais 3 boutons et toi 1 milliard !
    Et quand Maman t'attendais c'est la rubéole que j'ai eu, c’était très dangereux pour toi, mais tu es née avec un cerveaux à priori intact :) Lol

    Je t'aime soeurette.

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