Tatouée



Je suis tatouée.
Mon premier tatouage je l'ai fait avant même la majorité. Honnêtement c'était un caprice. Mais je ne regrette absolument pas. Ni le dessin, ni l'endroit (bas du dos, années 2000 bonjour), ni l'idée même du tatouage.
Récemment une amie m'a posé la question que chaque tatoué doit entendre au moins une fois dans sa vie "mais quand tu seras vieille?", après ça, le jeune caissier de mon supermarché m'a dit "ah vous êtes une rebelle vous! ;)" en voyant le tatouage que j'arbore sur mon annulaire.

Ma fille, parfois me demande pourquoi j'ai des tatouages.
Souvent on me demande, quand, pourquoi, comment et surtout la signification de mes tatouages.
J'ai eu récemment une conversation à ce sujet avec mon monsieur qui lui n'est pas tatoué et qui y songe depuis peu. Même conversation avec une amie, en rebondissant sur le post de Garance Doré qui disait (entre autres) que finalement, vu le nombre de tatoués, le véritable acte de rébellion c'est de ne pas être tatoué.
Du coup, j'ai réfléchi. 


Moi les tatouages j'adore ça.
Les miens et ceux des autres.
J'aime beaucoup découvrir les tatouages des gens, même ceux des inconnus. Deviner un tatouage à travers un vêtement, essayer de déceler le dessin complet quand un tatouage est partiellement caché, écouter la signification de ceux qui leur en donne une, regarder un tatoueur travailler, découvrir un tatouage que je ne connaissais pas sur le corps de quelqu'un que je connais bien, et surtout écouter l'histoire des tatouages des gens.

Comme je disais, mon premier tatouage était un caprice.
Ma sœur venait d'en avoir un, mon beau père en avait plusieurs, c'était à la mode, j'avais envie, moi aussi de faire partie du cercle des tatoués.
J'ai 5 tatouages maintenant. Pour le moment.
Certains de mes tatouages ont des significations, d'autres non. Mais chacun a son histoire.
Je me souviens de chaque moment. Chacun marque à vie une étape, une période, un choix, dans ma vie.
Je les ai fait respectivement à 16, 18, 20 et 26 ans (les deux derniers ont été faits en même temps).

Mes tatouages c'est avant tout la déclaration, faite à moi même d'abord et aux autres ensuite, que mon corps m'appartient, qu'il est mien comme je l'entends, que je le décide et que je l'offre au regard des autres uniquement si ça me chante.
Adolescente (et encore loooongtemps après) (encore maintenant?) j'avais cette impression amère de ne pas arriver à être moi même comme tout le monde avait l'air de l'être. La sensation tenace que les autres, eux, ils étaient simplement eux, avec cette confiance douce et facile que je leur enviait.

Ils étaient eux mêmes et on les aimaient pour ça, ou bien on ne les aimaient pas, mais au moins eux, ils se comprenaient ou s'acceptaient, et c'était bien le principal.
Moi j'étais là avec ce corps que j'avais tant détesté, qui d'un coup était devenu un corps que je pouvais aimer puisqu'enfin il plaisait. J'avais un réel besoin de m'approprier ce corps qui plaisait (ou "convenait" hein, c'est selon) aux autres et que j'avais du mal à appréhender.
Alors ça me fait doucement rigoler quand on me dit "vous êtes une rebelle vous", parce que non, je ne suis absolument pas une rebelle. Je ne me suis pas fait tatouer pour dire "je ne suis pas comme vous", mais plutôt pour dire "moi aussi je peux être ce que je veux, comme vous".
C'est ça la première signification de chacun de mes tatouages. Je suis moi. Comme vous je suis moi. 


Après je ne vais pas le nier, c'est aussi une façon d'être singulière dans un monde pluriel. D'être différente dans un monde normé.
Différente, pas anormale, pas rebelle. 

Et quand on me dit "et quand tu seras vieille?", là aussi je rigole, parce que oui ma peau sera fripée, les tatouages auront vieillis avec moi et seront passés et dépassés. Mais ils seront toujours dans 10/20/30 ou 60 ans la marque indélébile de mes choix, les miens, et je ne vois pas pourquoi je regretterais d'avoir un jour décider de m'appartenir, même si esthétiquement ça n'est plus aussi saillant qu'auparavant.
Je n'ai jamais eu peur de vieillir, j'ai même plutôt hâte, les rides ne me font pas peur, je les attend comme les marques d'une vie, tout simplement. Je suis étonnamment sereine avec ça.
Certes tout ces tatouages ça ne sera plus "joli", mais pourquoi ça serait plus regrettable de les voir vieillir eux que de me voir vieillir moi? Ils font partie de moi, ils sont moi désormais, tout simplement. Et ils ne vieilliront pas tout seuls...
Je serais vieille, flétrie, ridée, fripée, froissée, mais je serais toujours singulièrement la même que tout le monde. 





4 commentaires:

  1. Le "mais que-and tu vieillis" est une question que j'ai posé à un mec particulièrement tatoué et sa réponse m'a convenue : Ton tatouage n'apparait pas sur toi quand tu es vieux et fripé, d'un coup, tu vieillis avec et c'est aussi naturel que la question finalement ne se pose pas.

    Il est joli cet article madame !

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    1. C'est exactement ça, les tatouages vieillissent avec nous, ils apparaissent pas comme ça d'un coup, c'est un artifice qui devient naturel.
      On va vieillir, nos tatouages aussi, comme nos cheveux qui blanchissent, comme les rides, comme les dentiers ;)

      Merci madame!

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